La fin du monde... c'est encore loin?, Philippe Brondeur.
Extrait lu par l'auteur



Extrait de La fin du monde... c'est encore loin?, Philippe BRONDEUR. Tous droits réservés.

Le vaisseau glissait sur la voie lactée comme une coulée de miel, un liquide épais que rien n’arrête, envahissant le vide interstellaire de son silence immuable et profond, dérivant par-delà les plus noirs abysses de l’infiniment proche.
Car le but approchait bel et bien, après d’indénombrables années, siècles ou millénaires ; il n’y avait plus qu’une poignée d’heures avant d’atteindre l’objectif absolu : l’inestimable bout du monde ; la fin, de l’univers.
Lancé par la main de l’homme en premier lieu, énorme gifle de feu dans un enfer de bruit, de fumée et d’oiseaux cramoisis ; le vaisseau était parti de terre vers ce que cachent les étoiles, l’ombre du néant. Poussé par les vents solaires, guidé par l’attraction des planètes et rejeté loin de leurs atmosphères, toujours plus vite, il a filé telle une comète en retard sur la trajectoire ultime, unique et sans équivoque : l’itinéraire conseillé, direction le plus loin par le plus court chemin.
La fin de l’univers approche.
Le vaisseau a commencé à revenir à la vie selon un schéma prévu de très longue date. Parvenu à proximité du but final, en vue radar du bout du monde, l’ordinateur de bord, toujours fringant grâce à l’énergie fournie par les étoiles, a déclenché le processus de réveil des occupants du vaisseau. Les quatre pensionnaires dans leur caisson de cryogénisation ont donc commencé à subir la phase de décongélation, très progressive, sous l’effet du générateur de micro-ondes réglé sur le programme « viande fragile ». Douze heures après, les paupières du Capitaine Donald Small Junior se soulevèrent.