Malsexe, Adrien Vion.
Extrait lu par l'auteur



Extrait de Malsexe, Adrien VION. Tous droits réservés.

Je pousse la porte vitrée du bas de l'immeuble, je me sens bien, jetée dans le frais tranquille, hors de l'agitation d'avant le départ. Je joue furtivement à ne-pas-marcher-sur-les-lignes dans la cour, passe les grands séchoirs à linge en alu, les haies de baies toxiques truffées de pucerons. La vieille voisine d'en face, sur son porche dès l'aube, me fait un signe de la patte. On dirait un jeudi, hein ? Sauf que c'en est pas vraiment un. Je suis amoureuse. L’amour, c’est quand le jeudi n’est plus un jeudi.

J'arrive au bout de la rue, tourne à droite, puis à gauche, dans le petit sentier qui longe les voies de chemin de fer. Le goudron n'a pas été refait depuis plusieurs années, les arbrisseaux l'ont soulevé. Les racines courent comme des autoroutes sous l’épiderme, germées de crevures accidentelles. Le grillage standard du pays, en losanges réguliers, est rouillé et déformé, bombé entre les petits poteaux de béton.